Le marché

C'est un des lieux qui valent le plus le détour à Tbilissi, tant pour l'ambiance que pour la variété des marchandises vendues. Il existe en fait plusieurs marchés en divers endroits de la ville, certains totalement improvisés ; les principaux sont le "désertirokva", autour de la gare, et le "soldastski", le long du fleuve.

Un marché en Géorgie n'a ni limites, ni organisation. L'afflux de vendeurs, touours plus nombreux, a fait reculer ce lieu de transaction bien au-delà de ses limites initiales, si bien que le marché s'étend sur une superficie de plusieurs kilomètres carrés. Il est donc difficile de déterminer quand on y rentre ou quand on en sort ; mais une chose est sûre, on est très vite happé par la cohue presque babylonienne qui y règne. Figurez-vous un flux serré de personnes et de marchandises en mouvement permanent, soumis à des fluctuations irrationnelles et soudaines, véritable fourmilière humaine en procession autour de halles ou d'étals ; une ambiance sonore faite de réclames, de cris, de vociférations, de musique "pop" diffusée à haut volume par les vendeurs de cassettes ; un sol boueux et incertain parcouru par des camionnettes antiques ; le tout s'étalant à perte de vue : vous aurez une vision assez fidèle du "bazrouba" au nom bien mérité.


Fruits du marché. Au milieu, une tchourtchrela.
On y trouve absolument de tout, de toutes les qualités et en toutes quantités. Pyramides de fruits astiqués pour leur donner du brillant, immenses tas de farines, épices alignées à l'infini, myriades de porcelets éventrés, habits de contrebande à prix coûtant, pain artisanal, contrefaçons de produits de luxe, oiseaux en cage, produits ménagers, poissons séchés, cabas tressés, essence coupée à l'eau, alcool arrache-gueule, tabac post-soviétique, herbes curatives, foulards soyeux, cerneaux de noix au kilo, lecteurs de cassettes, maisons de jeu clandestines... La confusion générale est encore renforcée par la présence d'une armada de vendeurs ambulants, qui sillonnent le marché portant à bout de bras leurs produits et égrénant d'une voix monocorde un argumentaire usé, proposant qui des cigarettes, qui des boissons fraîches, qui du pain chaud, qui des citrons. Il faut se méfier particulièrement des porteurs en charrette à bras qui ont une fâcheuse tendance à foncer dans le tas.

Il n'est pas toujours recommandable d'acheter n'importe quoi. La viande, par exemple, sèche librement sous le soleil d'été, par quartiers entiers, et acquiert rapidement une coloration verte et peu ragoûtante. Les poissons sont souvent nettoyés à l'ammoniac et certains agrumes sont plus que passés de date. On éprouve toutefois grand plaisir à découvrir sur la main des vendeuses des saveurs inconnues, comme le piquant tskheli (sauce au cerfeuil), l'acidulée pâte de raisins, ou les sucrées grenades de Batumi.

Le marchandage est évidemment très pratiqué, selon les règles valables en n'importe quelle partie du globe : demander le prix. Manifester démonstrativement son effarement devant une telle somme exorbitante. Refuser le rabais offert. En rajouter une couche sur ses actuelles difficultés. Donner un prix maximum (entre le tiers et la moitié du prix initial). Recommencer à partir de l'étape deux jusqu'à obtention d'un prix satisfaisant. Au besoin, faire mine de s'en aller, puis revenir à la charge quelques minutes après. Selon un homme géorgien, les femmes sont plus expertes à ce jeu, attendu que "je reviens toujours du marché avec plusieurs laris de moins que ma femme".

Il existe aussi un marché aux puces, où les vendeurs proposent tableaux, souvenirs (poignards, cornes de mouflon...), bijoux précieux ou objets de valeur de l'héritage familial, s'en séparant parfois à regret. On peut en effet observer par moments une nostalgie diffuse chez les géorgiens.

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Je veux savoir si elle est le reflet de vieilles croyances.

Je trouve cette transition bancale et j'en ai assez de tourner en rond.

Remonter d'un niveau (du vécu)