Les routes

Prendre la route : c'est peut-être l'idée la plus exaltante dans un pays étranger. Marcher librement, s'arrêter où notre coeur nous mène, rencontrer des personnes d'horizons divers en mille lieux différents... Pour qui a ce programme, la Géorgie est terre rêvée, tant pour sa diversité ethnique que pour les régions parfois surprenantes à traverser. Mais il vaut mieux savoir dans quoi on se lance.

Le réseau routier

Il offre une troublante analogie avec un gruyère suisse. Seule la route reliant les deux villes principales du pays, Tbilissi et Kutaïssi, apparaît praticable à autre chose qu'un tout-terrain. Elle a en effet été carrossée par un grand groupe allemand, à la suite d'on ne sait trop quel arrangement. Toujours est-il qu'il s'est apparemment agi là du seul investissement en infrastructure routière des vingt dernières années. Sur les artères de la capitale, où on roule à droite comme dans le reste du pays, il arrive que le conducteur de la marchroutka ou du taxi se déporte jusqu'à l'extrême gauche de la chaussée pour éviter un trou plus gros que son véhicule .

Hors agglomération, les dangers se multiplient : outre les ornières, il faut éviter les animaux qui divaguent au bord ou au milieu de la route (cochons, vaches, volailles sont en effet élevées dans la liberté la plus totale), et, comme ailleurs, les autres conducteurs : les forces de l'ordre font plus de racket que de régulation, et un permis de conduire s'achète facilement. Le conducteur géorgien moyen est donc fort peu respectueux des règles élémentaires de circulation (arrêt aux feux rouges, respect de la signalisation, priorité à droite...)

Le parc automobile

Ex-second producteur automobile de l'URSS, la Géorgie possède un nombre étonnant de ladas en circulation. Particulièrement étonnant au vu de la tenue générale des véhicules : essayez d'imaginer l'état des flamboyantes automobiles ci-contre après trente ans de circulation sur les routes que l'on sait. Les routes sont bordées de voitures en panne, sur lesquelles tape parfois leur propriétaire à coups de barre de fer dans l'espoir de les faire redémarrer, ou de carcasses dépouillées qui rouillent lentement. En ville, il faut parfois prendre trois taxis différents pour arriver à destination.

On aperçoit parfois des berlines "à l'européenne", fruits de l'investissement des quelques nantis de Tbilissi. Leur véhicule est certes impressionnant par rapport au reste du parc automobile, mais est condamné à une inéluctable et rapide dégradation, la seule voiture adaptée à la circulation en Géorgie étant à mon avis la Jeep.

Les autres transports

Cependant, les transports en commun sont remarquablement organisés. Un système de taxis collectifs (mini-bus ou "marchroutka") permet de rallier n'importe quel point de la ville ou même du pays en un temps record et pour un prix dérisoire. Il doit en exister plus de 400 lignes à Tbilissi. Il suffit de héler ces riants véhicules du bord de la route lorsqu'on désire y prendre place, et de les arrêter d'un sonore "Gâtcheret !" quand on veut en descendre. Les sièges sont souvent percés, le pare-brise fêlé, le pot d'échapement brinquebalant et les amortisseurs inexistants, mais qu'importe ! On y fait des rencontres, un usage voulant que les passagers s'offrent parfois la course. On a aussi le temps de faire connaissance avec son voisin dans les liaisons interurbaines (six heures pour 250 km, le double en cas de panne).

Une marchroutka qui peine dans la montée.

Il existe aussi des bus à arrêts fixes et prix presque symboliques. Cependant, ces machines fonctionnent avec du diesel douteux, ce qui les rend particulièrement malodorantes, ou à l'électricité, ce qui est très dangereux en plus d'être peu fiable (il vaut mieux s'écarter lors du passage d'un trolleybus, car son caténaire pourrait fort bien vous tomber sur la binette). La même remarque est valable pour le métro (eh oui, il y a un métro à Tbilissi), si vous ne voulez pas finir votre voyage à pied dans un boyau plein de rats.

Le train a la réputation d'être particulièrement confortable, mais il semblerait que ce moyen de transport soit encore moins fiable que les transports routiers (parfois plusieurs jours de retard). De toutes façons, les gares routières ou ferroviaires sont systématiquement entourées de marchés, c'est-à-dire d'une haie impénétrable d'étals et de halles sur des kilomètres et des kilomètres, ce qui rend leur accès ardu pour un néophyte.

Sinon, la marche à pied, c'est très bien, sauf que l'auto-stop n'est pas dans les moeurs et que les forêts sont rarement débroussaillées. Cela reste toujours un bon moyen d'aller dans les villages à la rencontre de l'habitant et des derniers artisans.

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