Ilya Tchavtchavadzé
C'est l'écrivain symbole du mouvement national géorgien au XIXe siècle. Né en Kakhétie en 1837, il étudie à Saint-Pétersbourg (il n'y a plus d'université à Tbilissi sur décision du gouverneur russe), où il est en contact avec les cercles démocratiques et révolutionnaires. A son retour en Géorgie, il devient une des figures les plus marquantes du mouvement de renaissance nationale, en faisant oeuvre d'agitateur d'idées. Il meurt de mort violente dans une embuscade en 1907, sans qu'il ait été possible d'identifier le commanditaire de cet assassinat. Des funérailles grandioses lui sont offertes, auxquelles la population afflue de toute la Géorgie. Il a aujourd'hui sa statue devant le Parlement.
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Edouard Chevarnadzé
est l'actuel président de la Géorgie. Sa carrière politique commence comme fonctionnaire du "komsomol" (jeunesses communistes) ; il entre ensuite au parti et occupe le poste de vice-ministre de l'intérieur. Son ascension se poursuit dans la meilleure tradition des apparatchiks : il est élu secrétaire général du comité central de Géorgie et membre du comité central du Parti à Moscou ; en 1978, il devient membre suppléant du Politburo, puis membre titulaire en 1985. Gorbatchev lance alors la Perstroïka et l'appelle à ses côtés comme ministre des affaires étrangères. Fin négociateur, il acquit par ce biais une stature internationale. Il démissionne de cette fonction en 1990 pour dénoncer le risque de "dérive totalitaire". Rappelé en Géorgie en 1992, après la fuite de Gamsakhourdia, il est élu à la tête de l'état en 1995. Il est enfin réélu de justesse en avril 2000, dans un climat de fraude électorale. Aucun des assez nombreux géorgiens que j'ai pu rencontrer n'avait de bonne opinion de M.Chevarnadzé et son gouvernement.
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Histoire moderne de la Géorgie
La signature du traité de Guiorguievsk en 1783 marque l'entrée de l'empire russe dans l'histoire de la Géorgie. Le royaume devient un protectorat russe, ce qui n'empêchera pas la Russie de laisser les armées géorgiennes seules face à l'offensive de shah agha Mohamed khan en 1795. En 1801, comme le craignaient les plus farouches adversaires du traité, la Russie annexe la Géorgie orientale (l'histoire se répète...). La dynastie des bagratides est décapitée, la royauté abolie et les prétendants au trône déportés. De plus, l'église, jusqu'alors autonome, est placée sous l'autorité du synode russe. Cependant, à la suite de l'annexion de la Géorgie occidentale en 1860, un mouvement de résistance va naître et s'étendre.
Le réveil
A l'aube du XXe siècle, la Géorgie connaît un réveil national et culturel très intense dont l'intelligentsia géorgienne est le fer de lance. Les préoccupations au centre des débats concernent en premier lieu les questions de l'indépendance et de la souveraineté nationales. des journaux (Iveria, Tsiskari, Sakartvelos Moambé) sont publiés à l'initiative d'hommes de lettres comme Ilya Tchavtchavadzé. La lutte contre la russification se fait également par le biais du théâtre, malgré la censure. En 1890, le russe est proclamé langue officielle, le géorgien acquérant le statut de langue étrangère. En 1905, l'église géorgienne remet en cause le principe de sa soumission. La réaction russe est brutale et sans appel : le clergé géorgien est déporté.
La révolution d'Octobre débouche sur la proclamation, le 9 avril 1918, de l'éphémère république de Transcaucasie (qui inclut l'Arménie et l'Azerbaïdjan). Le 26 mai de cette même année, la Géorgie proclame son indépendance et Noé Jordania est élu au suffrage universel. La constitution de cet état révèle une grande modernité : droit de vote des femmes, abolition de la peine de mort, séparation de l'église et de l'état ! En 1920, la Russie reconnaît la république de Géorgie et signe un traité de paix avec elle. Mais la menace bolchévique se fait de plus en plus précise.
Les années soviétiques
La jeune Armée Rouge lance l'attaque le 12 février 1921, et Tbilissi tombe le 25. Le gouvernement de Jordania prend le chemin de l'exil vers la France (ce sera la seule vague d'émigration géorgienne), et le pays est rebaptisé république socialiste de Géorgie. Toute velléité d'indépendance de sa part est durement réprimée, mais cela n'empêchera pas les géorgiens de faire preuve d'insoumission à maintes reprises de 1921 à 1991.
En 1922, 30 % de l'intelligentsia est supprimée ; en 1924, 7000 personnes sont fusillées en place publique ; en 1956, des manifestations pour l'indépendance sont sévèrement réprimées ; en 1962, 450 étudiants sont fusillés devant le palais du gouvernement ; en 1973, de virulentes manifestations ont lieu en opposition à l'apprentissage obligatoire de la langue russe dans les écoles. La nomination de Béria au poste de chef du PC de Transcaucasie en 1932 et les purges des années 37-38 vont asseoir l'ordre soviétique en Géorgie au prix de milliers de victimes. Avec la mort de Staline (5 mars 1953) et la publication du rapport Khroutchev (1956), le dégel, tout relatif qu'il soit, donne l'occasion aux géorgiens de manifester pour l'autodétermination ; l'agitation estudiantine sera cependant rapidement étouffée. Les années 70 sont marquées par le réveil des mouvements d'opposition au régime communiste (incendie de l'Opéra, plasticage du monument au traité de Guiorguievsk). En avril 1978 se déroule aussi à Tbilissi une manifestation pour la défense de la langue géorgienne, dont la nouvelle constitution de l'URSS stipule qu'elle n'est qu'une langue étrangère.
L'arrivée au pouvoir, en 1985, de Mikhaïl Gorbatchev, et la mise en oeuvre de la perestroïka et de la glasnost vont sonner le glas de l'empire soviétique. Les républiques allogènes vont réagir plus ou moins violemment à ce processus d'éclatement : le Caucase, qui reste, au même titre que les balkans, une poudrière, sera embrasé par plusieurs conflits meurtriers dont les conséquences pèsent encore très lourd aujourd'hui.
Une douloureuse indépendance
En Géorgie, les revendications populaires se multiplient, dans un climat d'agitation et de fièvre. Le 9 avril 1989, une manifestation pacifique réunissant femmes, enfants et vieillards est brutalement réprimée par le ministère russe de l'intérieur et fait, selon le bilan officiel, 16 morts. La loi martiale est décrétée et les tensions s'exacerbent dans un pays en état de choc. Parallèlement, deux régions de Géorgie, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, proclament leur souveraineté, non reconnue par le gouvernement géorgien.
Le 28 octobre 1990, la coalition indépendantiste "Table ronde" remporte les élections législatives. Le statut d'autonomie de l'Ossétie est presqu'aussitôt annulé par le parlement, et l'année 1991 débute par de violents affrontements à Tsinkhvali, capitale de l'Ossétie du Sud. Le 9 avril 1991, la Géorgie proclame son indépendance, et en mai 1991, Zviad Gamsakhourdia est élu président avec 75 % des voix. Cependant, ses méthodes autoritaires et ses orientations ultranationalistes entraînent rapidement le mécontentement d'une partie de la population et la formation d'une opposition. Le conflit entre les deux partis s'envenime et débouche sur la dissolution du parlement en septembre 1991. Puis, en janvier 1992, c'est la guerre civile. Des combats de rue éclatent dans le centre de Tbilissi et finissent par forcer Gamsakhourdia à s'enfuir en Arménie (puis plus tard en Tchétchénie auprès du général Doudaïev).
Les forces d'opposition victorieuses constituent un conseil militaire qui assure la continuité du pouvoir jusqu'au retour d'Edouard Chevarnadzé, sollicité pour assurer la succession. Ce dernier est élu président du parlement en octobre 1992, puis président de la république en novembre 1995. Les tensions sont toujours extrêmement vives entre partisans de l'ancien et du nouveau président. De plus, le conflit à propos de l'autonomie abkhaze, latent depuis 1989, va s'exacerber et donner lieu à de multiples affrontements à partir de la déclaration unilatérale d'indépendance de cette province en juillet 1992. Edouard Chavernadzé accuse la Russie d'ingérence ; la guerre fait rage sur le territoire abkhaze d'où les habitants géorgiens ont été chassés (plus de 250 000 réfugiés). L'Abkhazie sort évidemment victorieuse du conflit et les forces Géorgiennes sont forcées d'abandonner ce territoire bordant la mer Noire.
Le 14 mai 1994, un cessez-le-feu entre géorgiens et abkhaziens intervient ainsi sous la médiation russe. Toutefois, la question abkhaze est actuellement loin d'être réglée, même si le conflit armé a pris fin. Le problème du retour des réfugiés géorgiens en Abkhazie est toujours en suspens, et les négociations de paix sont au point mort. La société géogienne a aussi d'autres difficultés.
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Jeter un oeil sur la situation
actuelle
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Staline Peu de gens ignorent que le "petit père des peuples", comme son nom de Iossif Vissarionovitch Djougachvili l'indique, était d'origine géorgienne. Bien qu'il n'ait éprouvé aucune sympathie pour les aspirations de ses compatriotes à l'indépendance, et qu'il ait aussi mal traité les géorgiens que les soviétiques en général, on trouve encore des nostalgiques de "Koba", et à certaines tables, un toast est porté en son honneur. On peut même visiter sa maison natale à Gori ou sa résidence d'été à Soukhoumi. |
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