La situation économique

L'abandon de l'économie planifiée au profit de l'économie de marché s'est évidemment traduit, en Géorgie comme dans les autres ex-républiques, par une crise d'ampleur. Le contexte politique et économique du début des années 90 était totalement inadapté à une ouverture au capitalisme, à la libre entreprise et à la concurrence. Les conflits armés avec l'Abkhazie et l'Ossétie, et le chaos social subséquent, sont des facteurs aggravants.

Transition=récession

L'économie géorgienne, maillon de la chaîne industrielle soviétique, dont elle dépendait à la fois pour ses approvisionnements et ses débouchés, a été plongée dans un marasme total. La perte du marché russe, destinataire traditionnel pour les produits issus des cultures spécialisées (thé, agrumes et surtout vins) a été dramatique. Ce problème s'est redoublé d'une pénurie énergétique drastique, causée par la rupture du ravitaillement en gaz : le pays s'est retrouvé privé de chauffage et d'eau chaude. Les coupures d'électricité se sont multipliées, en partie à cause de la surcharge du réseau (radiateurs électriques, plaques électriques...), mais aussi et surtout à cause de l'approvisionnement très irrégulier voire parfois inexistant des structures énergétiques établies (fermeture des centrales thermiques faute de combustible, obsolescence totale des centrales hydrauliques).

Les pénuries touchaient également l'approvisionnement en nourriture, et il y eut obligation de faire la queue pendant des heures pour obtenir du pain, alors que les prix des produits alimentaires de base s'envolaient. Sur l'année 1993 par exemple, on a pu calculer 7488 % d'inflation ! A partir de la création d'une commission aux privatisations en 1994, la situation ne s'est pass beaucoup améliorée.

L'économie de la débrouille

Les secteurs clés de l'économie du temps de l'Union soviétique sont ainsi actuellement sinistrés, et la production industrielle est au plus bas. Parmi les industries nationales, on peut citer la production de voitures et de camions (les usines automobiles de Kutaïssi sont dans un état de désolation presque lyrique), ou la transformation de minerais (cuivre ou manganèse, dont la ville de Tchiatoura en Imérétie recèle un des gisements les plus importants au monde).

Les changements sont tout aussi marqués dans le commerce. De nombreux géorgiens s'y sont lancés, créant de petites entreprises, dont la durée d'activité n'a pas dépassé six mois pour la grande majorité d'entre elles. Les investisseurs étrangers ne sont pas foule, attendant une amélioration générale de la situation dans le Caucase. L'entrée sur le marché mondial est pour l'instant impensable, la Géorgie n'étant pas en mesure de produire quoi que ce soit d'intéressant pour les pays industrialisés. L'état est de toutes façons exclu des transactions commerciales, qui se déroulent d'homme à homme, et dont les éventuels bénéfices sont immédiatement dépensés en biens de consommation ou, pour les grosses sommes, placés à l'étranger.

Suite à la fermeture de très nombreuses usines (à Rustavi, Zestafoni ou Kutaïssi), le taux de chômage a considérablement augmenté, et il n'est pas rare de voir des hommes désoeuvrés jouer au nardi (backgammon) près du marché, dans l'attente d'un éventuel petit boulot. C'est que chacun est condamné à la débrouille par le marasme économique.

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